1965-1970, The Beatles, de Rubber Soul aux années studios 1965-1970

      1. 1964 – 1965 : la trilogie A Hard Day’s Night, Beatles for Sale, Help !

        A Hard day’s Night

Le mois de mars est aussi le mois qui verra le tournage de leur premier film, A Hard Day’s Night, dont le titre est attribué à Ringo, qui s’exclama en sortant tard du studio : oh, it’s been a hard day…puis voyant la nuit…’night.

C’est la première commande pour Lennon et Mac Cartney qui composent alors très rapidement tous les titres et même beaucoup plus que prévu de la BO de ce film. C’est dans cet album que George utilise pour la première fois une Rickenbaker 12 cordes qui sera a partir de ce moment la caractéristique du son des Beatles.

A ressortir de cet album la chanson And I love her de Mac Cartney, son premier Yesterday en quelque sorte. On remarque la partie de bongo proposé par Ringo qui fit sonner si particulièrement la chanson, ainsi que le solo de guitare classique de George au moment de la modulation.

Beatles for Sale

En 1964, les Beatles n’arrêtent pas de tourner. Tournée en Suède en Juillet, puis deuxième tournée en Amérique, avec plus de 35000 kms parcourus en 31 jours, et vingt-cinq concerts aux Etats-Unis et au Canada. Cette tournée démultiplia la Beatlemania aux Etats-Unis. Plus d’une fois, les forces de l’ordre durent intervenir pour sauver la vie des 4 garçons dans le vent, tant les rassemblements avant, pendant et après les concerts tournaient à l’émeute.

Entre les tournées, ils sont poussés à produire, et rentrent en studio à l’automne. En novembre sort le 45 T I Feel Fine, puis dans la foulée pour les fêtes de Noël, l’album Beatles for Sale. I Feel Fine cartonne comme single. Il a cette particularité de commencer par un feedback de guitare, un larsen, obtenu accidentellement lors de l’enregistrement mais laissé volontairement par Lennon, qui le revendiquera comme tel en 1980 :

Je défie quiconque de trouver sur un disque… sauf s’il s’agit de vieux disques de blues de 1922… une pareille utilisation du feedback. Donc, je le revendique pour les Beatles. Avant Hendrix avant les Who, avant tout le monde. Le premier feedback sur vinyl.

L’enregistrement de Beatles for sale se fera sur sept journées réparties sur trois mois. Pressés de sortir un nouvel album, les Beatles enregistreront moins de compos signées Lennon/Mac Cartney, et intégreront six titres de rock’n’roll. Pour autant, c’est avec l’enregistrement de cet album qu’ils commencent à modifier leur rapport au studio, profitant pleinement des possibilités des enregistrements désormais sur quatre pistes, et s’impliquant pour la première fois lors du mixage des morceaux.

Mis a part I Feel Fine, Eight Days a Week est à mettre en avant, notamment pour ses procédés de fade in et out utilisés lors du mixage, procédé novateur pour l’époque.

Help !

Les Beatles partent ensuite tourner leur deuxième film, une fiction qui s’intitulera Help !, et dont ils composeront également la BO. Seulement la moitié des titres de l’album serviront au final pour la BO de ce film, mais plusieurs titres vont marquer profondément à la fois l’histoire du groupe et celle du rock’n’roll : Help !, Ticket to Ride, et Yesterday.

Dans Help !, principalement écrite par John Lennon, avec le concours de Paul lors d’une dernière après-midi de travail sur la chanson, John exprime très sincèrement son désarroi et sa déprime grandissante face à la Beatlemania. Il vit en effet de plus en plus mal cette période, et s’enferme dans une dépression chronique accentué par la consommation ininterrompue de marijuana. On peut lire alors les paroles de cette chanson :

Help me if you can I’m feeling down, and I do appreciate you being ’round, help me get my feet back on the ground, won’t you please please help me..

Ticket to Ride est aussi une composition de John Lennon, même si Paul Mac Cartney en revendique aussi une part, notamment sur l’écriture du texte, et sur la manière de jouer la partie de batterie. John la considère comme précurseur du hard rock, notamment par la partie insistante de la basse, et l’utilisation de guitares saturées, ce qui est une première chez les Beatles. La durée de plus de 3 mn, avec notamment la fin répétée en boucle qui est aussi novatrice et marque un vrai tournant, comme d’ailleurs la manière de l’enregistrer et l’utilisation des overdud. Les prises se décomposeront ainsi : batterie et la basse sur la piste 1, les guitares rythmique et solo sur la piste 2, le chant de Lennon sur la piste 3, du tambourin encore des guitares et les chœurs sur la piste 4.

Quand à Yesterday, c’est une chanson de Paul. Il l’a rêvé une nuit, est a ensuite fait écouter la mélodie a tout le monde pendant un mois pour être sur que cette chanson était bien de lui. La version de travail avait comme titre Scrambled Eggs. Chose assez rare pour un groupe en 1965, elle n’est enregistré que par Paul (guitare et voix), et George Martin a l’idée de rajouter un arrangement pour quatuor à cordes. La consigne de Paul pendant l’enregistrement était de ne surtout pas faire de vibrato. Cette chanson est la chanson la plus reprise de tout les temps (+ de 3000), et la plus diffusé sur les ondes (+ de 7 millions de passages….

Un tournant musical : Rubber Soul / Revolver

Rubber Soul

RubberSoulRubber Soul, enregistré à l’automne 1965 est à la charnière de la production artistique des Beatles. Les Fab Four, grâce à leur notoriété, ont en quelque sorte pris le pouvoir dans les studios d’enregistrements d’EMI, pas encore devenus Studios Abbey Road. Il s’y sentent bien, et n’hésitent pas essayer tout les sons et instruments qui sont à leur disposition. C’est l’époque ou George Harrison va amener pour la première fois le sitar, qu’il a découvert en écoutant Ravi Shankar, et qu’il va l’intégrer dans la chanson Norwegian Wood.

La rupture musicale se constate également dans la forme, où les alternances couplet-refrain-pont deviennent plus difficiles à pister, créant des effets de surprise, et également dans les textes, où pour la première fois on ne parle pas d’amour (Nowhere man), et où John Lennon assume de plus en plus des textes poétique et philosophiques (influencé en cela par Bob Dylan), voir même introspectifs (In my life).

C’est aussi l’album ou encore une fois Paul cueille tout le monde avec une ballade toute en simplicité : Michelle.

Revolver

Toute cette démarche est confirmée et accentuée quelques mois plus tard à l’été 1966, alors qu’ils enregistrent l’album Revolver, qui, à bien des égards est l’un des plus créatifs des Beatles, bien que finalement éclipsé par la sortie de Sergent Peppers quelques mois plus tard.

Cet enregistrement est réalisé alors que les tournées qu’ils font encore cette année la deviennent encore plus dingues, notamment aux States, où suite à des déclaration de John sur le fait que les Beatles étaient plus influnets que Dieu, le Ku Klux Klan brulait en public des disques du groupe et des photos de John.

Lennon est sur ce disque au sommet de son art avec des chansons comme Doctor Robert et She said she said. Paul est définitivement l’un des mélodistes les plus talentueux du 20 ème siècle avec les chansons Eleonor Rigby, There and Everywhere ou encore Yellow Submarine qu’il écrit pour Ringo, chaque album comprenant une « Ringo’s song »

Mais Revolver est aussi et surtout le premier album entièrement conçu en studio et injouable de cette manière la sur scène. Les Beatles explorent tout les procédés qui leur sont offerts par les technologies utilisées en studio. On pense particulièrement à I’m only Sleeping où le solo de guitare d’Harrison est passé à l’envers au mixage.

Le titre Tomorrow Never Knows ouvre littéralement l’ère du rock psychédélique. Ce morceau est joué uniquement sur l’accord de DO, avec des dizaines de bandes magnétiques préparées par Paul et passées à l’endroit, à l’envers où triturées dans tous les sens, et la voix de John Lennon, voulant évoquer le dalaï lama chantant du haut d’une montagne, passée dans le haut-parleur tournant d’un orgue hammond, la fameuse cabine Leslie.

1967 – 1070 : les années studio

L’arrêt des tournées

En 1966, Les Beatles décident d’arrêter les concerts. En effets, il constatent tout simplement qu’il ne leur est plus possible de jouer et d’être écouter en concert, tant les cris du public les couvrent. De plus, leur répertoire de concert stagne sur des classiques du rock’n’nroll et sur les titres de leurs 4 ou 5 premiers albums, leurs dernières productions discographiques étant injouables sur scène, vu le nombre d’instruments et les procédés utilisés en studio. C’est cet arrêt des tournées, et la sortie du 45 T début 67 et comportant deux grands classiques des Beatles qui va les amener sur leur projet chef d’oeuvre, l’album Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band.

Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band, album concept

Débarrassés des contraintes des tournées, les Beatles vont désormais passer le plus clair de leur temps dans les studios EMI a Abbey Road, pour enregistrer ce qui restera comme leur chef d’oeuvre et sans doute l’oeuvre du rock la plus influente de tous les temps.

Comme pour rester en contact avec le public, Paul emmène ses acolytes dans l’histoire du groupe qui accueillerait son public lors de son concert. Nait alors la fanfare du club des cœurs solitaires du sergent Poivre, the Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band, et dont le disque du même nom est justement ce concert. Les Beatles composent alors le premier album concept de l’histoire du rock.

Cet album incontournable mérite que l’on s’y arrête un moment. Aussi, je m’arrêterait pendant une séance entière sur cet album si particulier. Cependant, lors des 129 jours d’enregistrement de cet album, Les Beatles, et George Martin en particulier a sortir un 45 T pour faire patienter leur public. George Martin pris alors les deux titres les plus avancés et sortit en 45 T sur deux faces A Penny Lane de Mac Cartney et Strawberry Fields Forever de Lennon. Ces deux chansons ne figureront pas sur l’album qui sortira fin 67, et George Martin regrettera cela, considérant cela comme une énorme erreur. Ces deux chansons évoquent Liverpool avec une pointe de nostalgie, Penny Lane et Strawberry Fields étant deux quartiers de Liverpool.

The White Album

Après des séjours en Inde, et après avoir exploré le psychédélisme dans leurs précédents albums, l’album blanc, The White Album revient au rock’n’roll. La quasi totalité des chansons seront écrites pendant leur séjour en Inde à l’hiver et au printemps 1968. Il sera l’un des plus gros succès des Beatles, 3ème album le plus vendu, plus de 20 millions d’albums. Il a pourtant ét enregistré alors que l’atmosphère n’est pas au beau fixe dans le groupe. Yoko Ono la nouvelle compagne de John Lennon est a ses côtés en studio et cristallise les tensions, Ringo Star quitte même l’enregistrement pour prendre des vacances en Sardaigne, alors que l’enregistrement continue. C’est Paul qui jouera la batterie sur Back in the USSR et Dear Prudence , et George qui tiendra la basse.

George Martin ayant déserté la session, Brian Epstein leur manager étant décédé un peu plus tôt, les Beatles se retrouvent confrontés a eux même et ne trouve leur cohésion de groupe que sur quelques titres dont par exemple le While my guitar gently weep, sur lequel le guitariste Eric Clapton vient poser un solo. Sa participation n’a d’ailleurs été confirmé que dans les années 80, il était alors sous contrat avec une autre maison de disque. Le propos de ce double album est bien résumé par John :

Cela ne m’intéressait pas de faire une suite de Sergent Peppers,  e ne sais pas si c’était aussi le cas des autres, mais je savais où je voulais aller. Oublier Pepper, très bon disque, OK, mais terminé ! Et revenir à de la musique basique