Les figures marquantes des 50’s

      1. Chuck Berry

Chuck Berry en tête d’affiche au festival de Wembley en 1972 – Mean Old Frisco

Chuck Berry est considéré comme l’un des grands créateurs des années 50. Il n’a pas pu devenir la superstar qu’il aurait du être a cette époque en raison essentiellement de la couleur de sa peau. C’est pourtant lui qui est en 1972 la tête d’affiche du festival de rock de Wembley en Angleterre, devant une foule en délire, ravie de le voir faire son show. Chuck Berry est une star, un pionnier, un précurseur. Il a pourtant beaucoup moins vendu de disques dans les années 50 que Bill Haley, Fats Domino ou Elvis Presley.

Chuck Berry est réellement l’un des musiciens – si ce n’est le premier – a avoir eu une influence déterminante sur tout ce qui se produira dans les années 60. Autant Muddy Waters, figure tutélaire du blues aura posé les fondations du rock, autant Chuck Berry en aura bâti les murs porteurs. Georges Harrison (Les Beatles) et Keith Richards (Rolling Stones) ont appris la guitare en relevant du Chuck Berry. Jimi Hendrix reprendra Johnny B Good, Mick Jagger et John Lennon se réclament de lui d’ailleurs autant sur la partie musicale que sur les textes. L’un des grands succès de Dylan Subterranean Homesick Blues n’est rien d’autre qu’une transformation du titre de Berry Too Much Monkey Business. Les Beach Boys, les Kinks, les Stones, Dylan et en fait quasiment tous les artistes des années 60 se réclameront a un moment ou un autre de Chuck Berry.

Bob Dylan – 1965 Subterranean Homesick Blues

http://vimeo.com/72540087

Chuck Berry – Too Much Monkey Business

Autre exemple frappant, le Back in the USSR de Mac Cartney qui figure sur le double album blanc des Beatles est un hommage au Back in the USA de Berry. On le voit ici exécuter en plateau ce que le rendra au célèbre, la fameuse Duckwalk, la marche du canard, popularisé par Angus Young le guitariste d’AC/DC, dans des interprétations quelques fois plus sportives.

Back in the USA – Chuck Berry en 1959, dans l’emission Night Beech-Nut Slow

Back in the USSR – The Beatles, The White Album – 1969

Les influences de Chuck Berry sont claires, et ils les revendique. Adolescent, il se passionnait pour les crooners Nat King Cole et Franck Sinatra, et aussi pour le guitariste de jazz Charlie Christian. Mais ses influences principales, sa source,  est a chercher du côté des bluesmen Howlin’ Wolf, Big Joe Turner, du rythm’n’blues de Louis Jordan, mais aussi et surtout chez Muddy Waters.

Après avoir exercé de nombreux métiers, Chuck Berry est un temps coiffeur puis photographe. Dans le même temps il monte un groupe, le Chuck Berry Combo, avec lequel il va faire la tournée des bars et les boites. Il monte ensuite à Chicago en 1955 , et rencontre Muddy Waters qui lui décrochera sa première session de studio chez Chess Records, et dont sortira son premier succès Maybellene en Mai 1955.

Ce titre sera initialement enregistré sous le titre de Ida Red, mais sera diffusé rapidement par le DJ Alan Freed sous le nom de Maybellene. Celui-ci, comme a son habitude signera le titre et le diffusera en masse pour en toucher les droits. Chuck Berry sera longtemps rancunier de cette histoire et aura toujours une attitude particulière avec l’argent.

Chuck Berry. Maybellene, en 1955.

Pendant les cinq années suivantes, Berry enchaînera une remarquable série de succès qui deviendront des classiques du rock, tel Sweet Litte Sixteen, et bien sûr Johnny Be Goode. En 1956, il enregistre l’énorme tube Roll Over Beethoven, puis Rock’n Roll Music en 1957 ce qui lui vaut une première participation dans un film. Il enchaine avec deux autres films dans lesquels il croise Little Richard, mais aussi Carl Perkins, Jerry Lee Lewis et Bo Diddley.

Les premiers enregistrements de Chuck Berry combinent déjà tous les éléments du rock, mélange de blues et de country, des textes simples qui parlent de filles et de voitures, des solos de guitare électrique limpides, sans compter le jeu de scène associé (dont la danse duckwalk, qu’il a inventée) qui emportent l’adhésion du public…

Chuck Berry. Roll Over Beethoven, dans une version de 1972.

A la fin de l’année 56, sa carrière s’interrompt, une fille mineure qu’il avait dragué au Nouveau Mexique et ramené dans son club de Chicago l’accuse de l’avoir forcé à se prostituer pendant un an. Chuck Berry fut condamné à 5 années de prison et une grosse amende. Il fut relâché au bout de 2 ans, quand ses avocats réussirent à prouver que le juge était raciste et que les charges étaient fausses. Il fit son retour dans les charts dès 1964 avec Nadine.

A partir de 1964, il s’occupe de son business et monte notamment le Berry Park, une sorte complexe d’attraction et complexe sportif. Il sera de nouveau condamné à deux mois de prison pour des ennuis fiscaux à la fin des années 1960. En 1967, il fait un énorme carton à l’Olympia à Paris, puis entre 1966 et 1969, change de maison de disque et signe chez Mercury. Cette période ne produira d’ailleurs rien d’intéressant.

En 1972, lors d’un concert à Hollywood, il vire de scène Keith Richard et Mick Jagger qui tentait de venir faire le bœuf sur scène, au prétexte qu’il ne les avait pas reconnu…

      1. Buddy Holly

Contrairement à Chuck Berry, Buddy Holly ne sera pas reconnu par plusieurs générations. Sa carrière fût extrêmement rapide. Elle ne durera en effet que dix-huit mois. Il disparaitra tragiquement dans un crash d’avion, comme Otis Redding, alors qu’il se rendait en hiver pour un concert a Fargo dans le Dakota du Nord.

Buddy Holly est née en 1936 dans une famille bourgeoise qui lui fit faire des études musicales, notamment de piano et de violon. A partir de 1954, il se met a chanter pour les party dans les gymnases de high school, les « records hop », ou se retrouvaient les étudiants pour faire la fête.

En 54 et 55, il enregistre une maquette de onze titres avec son groupe, plutôt influencé par la country-folk d’Hank Williams, et par Elvis Presley. Il se retrouvent à faire une première partie du King dans le sud des Etats-unis, et Elvis en profitera pour donner quelques conseils à Buddy.

Buddy fut rapidement signé chez Decca, mais ses deux premiers titres furent des échecs. Pourtant sous contrat, il enregistre la chanson That’ll Be the Day, qui finit par sortir mais sous le nom de groupe The Crikets, Buddy ne pouvant sortir quelque chose sous son nom propre étant déjà sous contrat avec Decca.

That’ll be the Day – Buddy Holly en 1954.

Les Crickets feront un carton avec leur style « Tex Mex », qui mélange les traditions vocales du Texas et du Nouveau-Mexique avec un mélange de country western et de gospel.Il se mirent a tourner énormément suite à cela et sortir quels titres qui trustèrent les premières places dans les charts, au États-Unis mais aussi également en Angleterre, comme par exemple Maybe baby (dans laquelle on reconnaît l’intro de Téléphone un jour j’irais a New York avec toi), Oh ! Boy, et Peggy Sue.

Buddy Holly & The Crickets Maybe Baby live en 1958 à la BBC

Puis Buddy devint le premier rocker a utiliser les cordes lorsqu’il sort seul sous son nom après avoir mit fin à son association avec les Crickets : It Doesn’t Matter anymore, écrit par Paul Anka.

Beaucoup d’autre titres sortirent ensuite après sa mort. Il avait en effet enregistré pas mal de maquettes qui avaient déjà un son convenable pour pouvoir les sortir. Certaines maquettes enregistrées en solo avec sa Stratocaster firent même l’objet d’overdubs de rythmiques.

Buddy Holly – Brown Eyed Handsome Man, enregistré en 1957 par Buddy Holly avec les overdub des Fireballs en 1968

L’importance de Buddy Holly, malgré sa carrière courte, se retrouve dans l’influence qu’il exercera sur le son british et les groupes anglais de « Merseybeat » des années 60 comme les Shadows, les Beatles (une autre sorte de cricket), ou encore les Hollies. Paul Mac Cartney racheta d’ailleurs plus tard les droits d’édition des titres de Buddy Holly.

      1. Jerry Lee Lewis

Jerry Lee Lewis serait d ‘après Little Richard, « le seul blanc qui sache chanter comme les noirs ». Il fut énormément influencé par Little Richard, et notamment sur scène ou, comme Richard, il a l’air d’un possédé souffrant de délirium tremens. Tout ceci fut extrêmement calculé chez lui, et il le travailla à la limite de la parodie. Il casse des tabourets et des pianos, insulte les musiciens et le public. Il fut, avec Little Richard et Fats Domino,l’un des seul pianistes de rock a avoir les faveurs du public, et fut surnommé « the killer ».

Il commence, comme tous, par chanter dans la chorale de sa paroisse, l’église de l’assemblée de Dieu. En février 1956, Il fait avec son père le siège des studios Sun Records pour obtenir une audition avec Sam Philips, celui qui a découvert Elvis Presley. Celui-ci est absent, et son assistant, pour qu’ils dégagent, acceptent de lui faire enregistrer une démo. De retour au studio, Philips le rappellera illico pour qu’il reviennent enregistrer, et Crazy Arms et Whole Lotta Shakin’ qui seront ses deux premiers succès.

Jerry Lee Lewis – Crazy Arms

Wole Lotta Sakin’ entre dans les charts en Juin 1957 et y restera…jusqu’en Janvier 1958. Il obtient par la suite plusieurs disques d’or pour Breathless, et pour Great Balls of Fire qui se vend à 1 million d’exemplaires dans les dix jours qui suivirent sa sortie. Il failli détrôner Elvis a cette occasion.

Jerry Lee Lewis – Wole lotta Shakin Going On -1957

La suite est moins drôle. Attendu comme le messie pour une série de concerts en Angleterre, il dû retourner aux Etats -Unis manu militari, la presse ayant dévoilé qu’il venait de se marier avec sa cousine de 13 ans, une pratique alors encore courant dans le sud des Etats-Unis.

Jerry Lee Lewis – Great Balls of Fire