Le king : Elvis Presley – Lundi 10 11 14

L’importance marquante d’Elvis Presley

Comment ne pas parler d’Elvis Presley ? Il est sans aucun doute l’une des principales icônes du rock’n’roll et a eu une influence mondiale et considérable sur la culture musicale. Ce sont d’ailleurs les icônes des années cinquante qui bénéficient encore et toujours de la plus grande ferveur du public, les idoles des jeunes, comme en parle une chanson de Ricky Nelson qui fut le rival le plus proche d’Elvis (adaptée d’ailleurs en français par Johnny Halliday). La vénération de ces idoles est symbolisée dans les années 50 par l’invention du poster, affichette tirée à des millions d’exemplaires. Les plus connus sont les photographies de Marlon Brandon a cheval sur sa 650 Triumph Thunderbird de L’équipée Sauvage », ou encore le portrait solarisé des Beatles par le photographe Richard Avedon.

marlonbrandoposterbeatlesposteravedon Quelques chiffres suffisent à montrer l’importance considérable du King des années 50, même si ceux ci ne sont sans aucun doute qu’une vision comptable. D’après un article du magazine Forbes, certains des artistes ayant les plus gros revenus des années 2000 sont en fait dans la tombe : Franck Sinitra, 6 millions de $, Andy Warhol, 8 millions de $, Bob Marley, 10 millions de $, Jimi Hendrix + de 10 millions de, et très loin devant Elvis Presley avec 35 millions de $, dont 15 millions de $ en droits d’entrée pour son domaine de Graceland à Memphis dans le Tennessee.

Elvis Presley, le roi du Rock n’ Roll, représente au États-Unis l’irrésistible ascension du petit blanc du Sud, véritable symbole de réussite sociale. Pour autant, Elvis s’est éteint en 1977 dans la solitude la plus totale, malgré une richesse inestimable provenant de la vente de cinq cent millions de disques, chiffre qui sera doublé (1 milliard !) à l’avènement du CD dans les années 80. Ce chiffre le place loin devant Bing Crosby et les Beatles réunis. Dans les trois semaines qui ont suivi sa mort, Elvis obtint à titre posthume onze disques d’or supplémentaires, ce qui fait un total de trent disques d’or.

Elvis, symbole sexuel, représentant la révolte adolescente des années, une jeunesse en proie au doute de l’après-guerre et en réaction face à une société raciste et puritaine, fut le personnage par lequel arrive le scandale. Paradoxalement, il est devenu l’idole d’une nation entière, de cette Amérique silencieuse du Middle West, le gamin camionneur, sympathique gars devenu l’emblème d’une nation. Et c’ets d’ailleurs à ce titre que le président Carter lui rendit hommage à sa disparition :

La mort d’Elvis Presley prive notre nation d’une partie d’elle-même. Dans le monde entier, il symbolisait la vitalité, la rébellion, et la bonne humeur de notre pays. Il était unique et irremplacable. Sa musique et sa personnalité ont transformé radicalement l’aspect de la musique populaire américaine.

L’ascension fulgurante d’un mauvais garçon

Elvis Aaron Presley est né le 8 janvier 1935 dans une famille modeste de Tupelo dans le Mississippi. Il a un frère jumeau mort-né, Jesse Garon Presle. Il grandit au sein d’une famille très religieuse qui fréquente régulièrement l’église de la Pentecostal First Assembly of God et dans laquelle les fidèles chantent du gospel. Elvis aimait la musique religieuse, et attendait le dimanche matin et la messe. Sa voix très aiguë dominait le chœur des autres fidèles.

A l’église, on oubliait tout nos problèmes ? Je chantais aussi fort que je le pouvais, à l’instar des noirs, dans les psaumes de la bible. Par la suite je ne me sui saps contenté d’être choriste, j’allais chanter en solo. Mon ambition était d’appartenir à un quartette de gospel, celui des Blackwood brothers.

En 1944, devant 5000 personnes, il obtient le premier prix d’un radio crochet assez connu avec la chanson Old Shep, qu’il enregistrera plus tard. Son père lui offre alors une guitare. Peu de temps après, la famille déménage à Memphis, où Elvis trouve ses premiers boulots, il devient notamment camionneur à la Crown Electric Company.

Le 18 juillet 1953, Elvis se rend chez Sun Records, et produit lui-même (pour 4 $) son premier enregistrement, un cadeau pour sa mère, très importante pour lui. C’est la secrétaire de Sun Records, une certaine Marion Keisker qui fut intrigué par ce garçon et sa façon de chanter et de jouer de la guitare. Elle en parle alors à son patron, Sam Phillips, qui le contacta peu de temps après pour faire des essais, essais qui s’avérèrent désastreux. Pour une deuxième séance d’essais, il fit appel au guitariste Scotty Moore et au bassiste Bill Black. Il enregistrent lors de cette séance notamment la chanson d’Arthur Crudup : That’s All Right (Mama).

Sam Phillips explique : « Ce que venait de faire Elvis avec That’s All Right me donna immédiatement la chair de poule. Je savais qu’on tenait quelque chose. Ce n’était pas la chanson à proprement parler, mais ce qu’en faisait Elvis, la chanson était à l’origine un blues Elvis l’a transformée en rock’n’roll.. Ce fut son premier vrai succès à Memphis. Le trio Presley-Moore-Black prend pour nom The Blue Moon Boys. Ils seront rejoints en octobre 1954 le batteur DJ Fontana. Ce célèbre trio a joué avec Elvis de 1954 à 1958.

Cette chanson fut tout de suite un succès sur la radio WHBQ, a sa diffusion, le téléphone ne s’arrêta pas de sonner. Devant ce succès dans une radio locale, et pour le diffuser plus encore, Sam Phillips envoya gratuitement des exemplaires de ce single dans tous les endroits qui avaient un juke-box, car il était difficile de toucher d’autres radios, certains DJ trouvait qu’ Elvis sonnait « trop black ».

En moins de 3 semaines, ce single se vendit à plus de 7000 exemplaires. Sam Phillips sortit rapidement d’autres singles sur Sun Records, comme Good Rockin’ Tonight (20000 exemplaires à Memphis en 1954, puis Milkow Blues Boogie en janvier 1955, I’m left, You’re Right, She’s gone en mai qui fut son premier disque à apparaître au hit parade national, puis Mystery train en Juillet.

Le trio Presley-Moore-Black, les Blue Moon Boys, faisaient un carton en tournée, et enchainaient les dates. Alors que Bill Haley mariait le rythm’n’blues au country-folk, Elvis, lui, associait le blues à la musique country, et donnait naissance officiellement au rockabilly, une forme plus simple et plus légère, mais plus « hargneuse ».

Pour ses débuts sur scène le futur « King » du rock’n’roll, chante en donnant des coups brusques du bassin, une innovation jugée provocante pour l’époque, qui lui vaut le surnom de Pelvis et amplifie sa notoriété auprès du jeune public.

Si les jeunes se reconnaissent immédiatement en Elvis Presley, il n’en va pas de même pour leurs aînés qui, scandalisés devant les déhanchements de plus en plus suggestifs d’ Elvis, cherchent à faire interdire la venue de cette idole dérangeante pour les bonnes mœurs. Certains de ses concerts seront annulés et ses disques brûlés. Elvis ne laisse personne indifférent : s’il agace l’Américain puritain et devient une idole pour des millions d’adolescents. Lors d’un concert en Floride c’est la police qui est présente dans la salle pour filmer ses fameux déhanchements. Elvis décide alors de ne bouger que son petit doigt pendant toute la durée du concert, et l’hystérie est à son comble.

Elvis dans l’histoire du rock, est le premier a s’engouffrer dans l’image théâtral du mauvais garçon, et cela influencera toutes les pop star, a commencer par Mick Jagger, les Beatles, les Who, les Sex Pistols, et y compris la scène française Halliday, Mitchell, Rivers.

Les jeunes adolescentes étaient jusque la abreuvées de crooners romantiques et naïfs. Les déhanchements sensuels et agressifs d’ Elvis changeront leur comportement. Son regard hostile et charmeur était également pour beaucoup dans leur hystérie. En 1954, en sortant de scène après un concert à l’Overton Park de Memphis Elvis raconte :

J’avais très peur, je me demandais ce qui m’arrivait, je croyais encore une fois que l’on se moquait de moi. Scotty Moore m’a dit que c’était mon attitude sur scène qui les faisait crier de joie. J’ai fait un rappel, plus je bougeais, plus le public criait.

A voir, ce live étonnant à Tupelo en 1956.

En 1955, Elvis était encore inconnu en dehors du sud des Etats-Unis. Lors d’une tournée avec le chanteur de country Hank Snow, il impressionna le manager de ce dernier, qui décida alors de s’en occuper personnellement. Ce fut le début de sa collaboration avec le « colonel » Tom Parker, sans qui sans aucun doute Elvis ne serait pas devenu ce qu’il est devenu.

De Sun Records à RCA Victor

Un homme fit la bêtise de sa carrière en novembre 1955, tout comme Dick Rowe de Decca Londres qui refusa les Beatles, c’est Randy Wood, le directeur de Dot Records qui refusa la proposition de Sun Records de racheter les droits des enregistrements d’Elvis pour 75000 $. C’est finalement RCA Victor qui racheta le contrat d’ Elvis, incluant tous ses ancien enregistrement pour 40000 $ et une Cadillac pour Presley.

48 heures après le rachat de son contrat, Elvis était en studio et enregistrait une série de titres, dont le colonel Parker voulait faire la promotion. Il fallait pour cela utiliser la télé, mais le célèbre Ed Sullivan, du show du même nom, qui faisait et défaisait des réputations ne voulait pas d’ Elvis dans son émission. Quelques semaines plus tard, le conservateur et catholique Sullivan du changer d’avis et payer trois fois plus cher pour une série de prestations d’ Elvis dans son émission. Les cameraman eurent toutefois dans un premier temps la consigne de na pas cadrer Elvis en dessous du bassin. Elvis était un outrage vivant, et n’en avait pas conscience. Il exerçait un pouvoir de séduction et un magnétisme qui le mettait loin devant ses deux rivaux de l’époque : Bill Haley et Pat Boone. Sa présence dans l’émission d’Ed Sullivan plusieurs semaines de suite horrifia une partie de l’Amérique, choqué que ce chanteur qui imitait l’acte sexuel en jouant et criait des paroles incompréhensibles puisse entrer dans leurs foyers par la petite lucarne.

La sexualité de Presley met la féminité des jeunes américains en jeu, Cet Homme est dangereux, Un délirium nommé Presley, Mères de famille, surveillez vos filles, Elvis Presley arrive, Presley doit assainir son jeu de scène s’il ne veut pas se retrouver en prison, voici quelques un des titres de la presse de l’époque. Pourtant Elvis expliquait que rien n’était fabriqué dans sa présentation :

je chante le rock comme je le ressens, mes gestes se sont pas étudiés, ils viennent naturellement.

Entre janvier et octobre 1956, Elvis donna 125 concerts. Il recevait 5000 lettres par jour, ses fans club comptèrent rapidement plus de 500000 membres dans le monde entier. L’Europe ne fut pas en reste et notamment l’Angleterre ou il exercera musicalement une influence considérable sur le british rock, et ou il sera encore plus populaire que dans son propre pays. En 56 et 57, Elvis a battu tous les records de ventes de disque, ce qui donna d’ailleurs un coup de fouet à l’industrie du disque lors en train de se faire étouffer par la télévision. Une quinzaine de ses chansons montèrent au hit-parade sur ces deux années la : Blue Suede Shoes, I want You I Need you, Love me tender, Blue Moon… En 1957, il sort Elvis’ s Christmas Album, devenu depuis un classique, dans lequel il n’oublie pas le blues, et qui fait regretter qu’il n’ai pas enregistré un album entier de blues.

Le cinéma, 1960 – 1968

Elvis, icône du rock’n’roll fût aussi un acteur très attendu à Hollywood, et non pas pour ses qualités de comédien. Son simple nom en haut de l’affiche permettait au film de rentrer au box-office dès les premières semaines. Le tournage du premier film d’ Elvis en 1956 couta 1 million de $ et fut amorti par ses producteurs en une semaine. Suivirent ensuite Loving You, Jailhouse Rock, et surtout King Créole en 1958, son meilleur film avant qu’il ne parte à l’armée.

Ses premiers films dans la deuxième moitié des années cinquante, étaient loin d’être mauvais quand on les replace dans le contexte de l’époque, mais ceux qui suivirent au retour de son service militaire comme les comédies musicales GI Blues ou Blue Hawaï étaient plus que limitées artistiquement parlant. Il s’agissait surtout de mettre Elvis en scène dans des décors prestigieux et paradisiaques. Il fut ainsi filmé en couleur et en cinémascope a Hawaï, la Nouvelle-Orléans, Francfort, Acapulco, Las Vegas etc…Il était peu dirigé dans ces films et avait peu de temps pour répéter ses scène. Il tournait en moyenne trois films par an et enregistrait quelques chansons entre 1960 et 1968, pour un revenu annuel qui frôlait les cinq millions de $.

En 1958, Elvis fut appelé sous les drapeaux comme des milliers de jeunes américains. Il ne put se défiler, et parti jouer son rôle de bidasse sans rechigner. Il du se comporter comme un simple GI, et se faire couper les rouflaquettes devant un cinquantaine de journalistes. Elvis, ce garçon normal et naïf répondait a cela quelques jours plus tard :

pour moi l’armée est une expérience importante, je suis traité comme tout les autres garçons, pas mieux, pas plus mal. Je suis un soldat comme tous les autres et je ne souhaite pas qu’il en soit autrement…

Il sera stationné en Allemagne jusqu’en 1960, ou il conduisit une jeep et reviendra avec le grade de sergent en 1960. Juste avant son départ, il enregistre en quarante huit heures au studio RCA de Nashville cinq classiques de son répertoire qui deviendront tous des succès internationaux : I Got Stung, I Need your Love Tonight, A Big Hunk O’Love, Ain’t That Loving You Baby, A Fool Such as I. A son retour le sergent Presley enregistra rapidement un abum Elvis is Back, avec cette énorme version du blues Reconsider Baby, içi en live en 1960.

Le retour du King

Après sa période Hollywoodienne, et son absence de la scène, Elvis Presley fit un retour sur scène dans les années 67-68 avec notamment Big Boss Man, Guitar Man et US Sale. En 1968, il fait un retour lors d’un show télé et chante ses classiques de la fin des années 50 avec un orchestre magnifique constitué de des vieux copains Scooty Moore à la guitare, DJ Fontana à la batterie, Charlie Hodge à la contrebasse.

En 1969, il sort From Elvis in Memphis, son meilleur album depuis Elvis is back, avec entre autres la chanson Long Black Limousine, une reprise du classique de Hank Snow déjà adapté une première fois par Ray Charles, où encore Any Day Now dans laquelle sa voix parcours les octaves avec une facilité déconcertante. On peut l’écouter dans une version captée lors de l’enregistrement en studio à Memphis alors que les backing vocals et la plupart des arrangements n’ont pas encore été rajouté. On y capte aussi l’atmosphère du studio.

Il chanta ensuite de nombreux classiques du rock, et connu le succès avec des reprises des Beatles, les 4 garçons qui se revendiquait en partie de lui, et qui étaient d’ailleurs passés le voir en 1965 dans sa maison de Memphis. Un gigantesque bœuf eu lieu cette soirée la, mais nulle trace de photographie ou d’enregistrement n’a pour le moment été retrouvé. À l’été 1970, un documentaire sort sur lui Elvis – That’s the way it is et connait un succès phénoménal. En 1972, il chante au Madison Square Garden bourré a craquer. Dans la foule on reconnaît les visages de John Lennon, Georges Harrison, David Bowie, Art Garfunkel entre autres… Les quatre concerts attirèrent près de quatre vingt mille personnes au total, et l’album live sortit huit jours après. En janvier 1973, Elvis : Aloha from Hawai est un show télévisé retransmis partout dans le monde et qui fut regardé par des dizaines de millions de personnes. La aussi, le double album du concert qui sortit peu de temps après devint également n° 1 des ventes.

Elvis est mort en 1977, à la veille d’une tournée de douze dates qui affichait complet. Entre 1970 et 1977, il donna en moyenne cent cinquante concerts par an dans des salles de 10000 à 30000 places. Malade physiquement et psychologiquement, il semblait qu’il voulait mourir sur scène, car plus rien ne l’intéressait à part l’estime de son public.